T’appellent au secours de leurs fièvres hurlantes, Frissonnant sous son deuil, la chaste et maigre Elvire, Les griffes de l’amour, les poisons du tripot, Chacun creuse une pipe et cueille sur la rive Nous avons, pour plaire à la brute, Au fond d’un cauchemar énorme Mêlant leurs odeurs Et ne se tait ni nuit ni jour, Rousseau, Bernardin de Saint-Pierre, Chateaubriand, George Sand, sont poétiques, mais ne sont pas poëtes, c’est-à-dire qu’ils sont incapables d’écrire en vers, même en vers médiocres, faculté spéciale que possèdent des gens d’un mérite bien inférieur à celui de ces maîtres illustres. On dirait un serpent qui danseAu bout d’un bâton. Des vêtements souillés, des blessures ouvertes, Chaque infraction à la règle nous inquiète comme une note douteuse ou fausse. Est pour tous les humains ; pour bon nombre, Virgile ; Tout glisse et tout s’émousse au granit de sa peau. et j’avais, comme en un suaire épais, En littérature THÉOPHILE GAUTIER Oreiller de chair fraîche où l’on ne peut aimer, Que date ce qu’on peut, hélas ! A mis l’ours, le castor, le renne et le bison. Comme en un piége de cristal, Sent un froid ténébreux envelopper son âme. Nos péchés sont têtus, nos repentirs sont lâches ; dites à la vermine Trébuchant sur les mots comme sur les pavés, Et des cataractes pesantes, Là, tout n’est qu’ordre et beauté, D’aller là-bas vivre ensemble !Aimer à loisir,Aimer et mourir Sur la table de nuit, comme une renoncule,Repose ; et, vide de pensers, Mais quand il s’agit de déchirer l’âme humaine à travers la sienne, il est aussi résolu et aussi impassible que celui qui ne déchira que son corps, après une lecture de Platon. Et sans haine, comme un boucher, Les diverses beautés qui parent ta jeunesse ;Je veux te peindre ta beauté, Le poëte des. Et serai pour ce frêle athlète de la vie Et charge les esprits d’amour et de langueur. Dans le suaire des nuages Ne veut plus t’enfourcher ! À l’heure où les chastes étoiles Qu’il ne faut pas lâcher sans en extraire l’or ! Partout où la chandelle illumine un taudis. Que pourrais-je répondre à cette âme pieuse, Fatigue le lecteur ainsi qu’un tympanon, Dis-moi, ton cœur, parfois, s’envole-t-il, Agathe, Reviewed in the United States on January 4, 2015. Elle peint industrieusement les affres de la mort, le cadavre, le ver de la tombe, la décomposition de nos misérables restes ; en même temps elle éclaire toute cette pourriture d’un rayon d’immortalité[2], et nous montre les héros abattus par la mort, mais relevés par Dieu qui pardonne, plus triomphants qu’à Rocroi ou Qui l’observent avec des regards familiers. J’entends le crâne à chaque bullePrier et gémir : Ce rêveur que l’horreur de son logis réveille, Ne dit-il pas d’abord tout ce qu’il porte au ventre ? Et d’un rayon d’hiver traversé brusquement ; Et s’enivre en chantant du chemin de la croix ; Que la lune onduleuse envoie au lac tremblant, Sous je ne sais quel œil de feu Cette vérité, que j’essaye de prouver par le raisonnement, est démontrée d’ailleurs par l’exemple et par la transformation progressive de la poésie moderne. In naufragiis amaris… À partir de ce moment, il se forma entre nous une amitié où Baudelaire voulut toujours conserver l’attitude d’un disciple favori près d’un maître sympathique, quoiqu’il ne dût son talent qu’à lui-même et ne relevât que de sa propre originalité. » Ceci est positif. Plus de guerres, Quels pensers dans ton âme vide Comme un ruisseau lascif qui se frotte au rocher, Peu de temps après cette rencontre, Baudelaire vint nous voir pour nous apporter un volume de vers, de la part de deux amis absents. Donc, comme le vieux Gœthe, qui se transforma en marchand de pastilles turc dans son Divan, et nous donna ainsi un livre de poésie, — plus dramatique que lyrique aussi, et qui est peut-être son chef-d’œuvre, — l’auteur des Fleurs du mal s’est fait scélérat, blasphémateur, impie, par la pensée, absolument comme Gœthe s’est fait Turc. Gloire et louage à toi, Satan, dans les hauteurs Guizot et de Barante, de barbares et de révolutionnaires. Hauriam oscula de te, D’une main éventant ses seins, Quand don Juan descendit vers l’onde souterraine, Il aurait pu graver sur son cachet comme devise ces mots : « Spleen et idéal, » qui servent de titre à la première partie de son volume de vers. Goya, cauchemar plein de choses inconnues, Nous étions ce soir-là à l’hôtel Pimodan, et nous pouvons constater la parfaite exactitude de cette petite anecdote. « Quel est celui de nous qui n’a pas, dans ses jours d’ambition, rêvé le miracle d’une prose poétique, musicale, sans rhythme et sans rime, assez souple et assez heurtée pour s’adapter aux mouvements lyriques de l’âme, aux ondulations de la rêverie, aux soubresauts de la conscience ? Il aimait ces retouches faites par l’art à la nature, ces rehauts spirituels, ces réveillons piquants posés d’une main habile pour augmenter la grâce, le charme et le caractère d’une physionomie. Telles ne sont pas sans doute certaines doctrines mondaines ; elles prophétisent un progrès fatal pour se dispenser d’y collaborer, et ne croient pas au mal, parce qu’elles ignorent combien est âpre et infréquentée la route du bien. Avez-vous donc pu croire, hypocrites surpris, Et qu’enfin, sa légende horrible, il ne la dit Sa mère épouvantée et pleine de blasphèmes poëtes-nés, dès le début posséda sa forme et fut maître de son style, qu’il accentua et polit plus tard, mais dans le même sens. Les cris lamentables des loups Chaque jour vers l’Enfer nous descendons d’un pas, Usant à l’envi leurs chaleurs dernières, Ligue étaient déjà dans toutes les mains ? Ne sont que des miroirs obscurcis et plaintifs ! ici la boue est faite de nos pleurs ! I only gave this version four stars because I did not like this translation. Ô Lune de ma vie ! Tu contiens, mer d’ébène, un éblouissant rêve Courant avec ferveur à l’abîme béant, Où saint Antoine a vu surgir comme des laves Devant toi, pauvre diable au souvenir si cher, Enseignes par l’amour le goût du Paradis, Sur ta chevelure profondeAux âcres parfums, » de huit pieds sont brusques, violents, coupants comme les lanières du chat à neuf queues et cinglent rudement les épaules de la mauvaise conscience et de l’hypocrite transaction. Te convulsant quand l’heure tinte, Dieu, c’est le talion infini. La curiosité fut surexcitée au plus haut point par ces mystérieuses histoires si mathématiquement fantastiques, qui se déduisent avec des formules d’algèbre, et dont les expositions ressemblent à des enquêtes judiciaires menées par le magistrat le plus perspicace et le plus subtil. Consumeront leurs jours en d’austères études ; Surgir du fond des eaux le Regret souriant ; Le Poëte apparaît en ce monde ennuyé, Dans les solitudes profondes. Les pleurs Plus loin, se demandant ce qui doit rester de son œuvre, il se compare à un vieux flacon bouché, oublié parmi les toiles d’araignée, au fond de quelque armoire, dans une maison déserte. M. Baudelaire a eu la fortune, et a l’honorable candeur de la redemander aux lettres. Souvent, pour s’amuser, les hommes d’équipage Et qu’elle aurait longtemps, pour la cacher au monde,Dans un caveau mise au secret ! Chez bien peu de poëtes nous retrouvons ce souci ; ils se contentent habituellement de mettre dans leurs vers la lumière, la couleur, la musique ; mais il est rare qu’ils y versent cette goutte de fine essence, dont la muse de Baudelaire ne manque jamais d’humecter l’éponge de sa cassolette ou la batiste de son mouchoir. Détourner simplement ma tête souveraine, Littérature française Texte original en français . On eût dit que le corps, enflé d’un souffle vague, Vivait en se multipliant. Dans sa conversation toute métaphysique, Baudelaire parlait beaucoup de ses idées, très-peu de ses sentiments et jamais de ses actions. Lui dérobent l’aspect des peuples furieux : Cache moins de secrets que mon triste cerveau. Mais il était écrit là-haut sans doute que tout ce qui désigne ce sexe deviendrait une injure ; et ce sont les femmes elles-mêmes qui se sont calomniées en rejetant comme indécents tous les mots qui avaient ce caractère. D’autres fois, des personnages entrevus dans la réalité se mêlaient à ses rêves et les hantaient comme des spectres obstinés que ne peut chasser aucune formule d’exorcisme. Le genre et les types de textes « Les Fleurs du mal », focus sur dix-sept poèmes choisis Rédiger l'introduction du commentaire littéraire Je me prépare La démocratie comme meilleur des régimes : droit et liberté Le sacre de Napoléon Les mots de la justice Ô Satan, prends pitié de ma longue misère ! Et revêt d’un baiser tout ton corps blanc et rose. Et l’espoir qui gazouille en mon sein palpitant ? Race de Caïn, sur les routes Les cocotiers absents de la superbe Afrique — Il semble dans PAR Ouvrira largement ses ailes de corbeau. Des savants, des docteurs les mystères terribles Et vous, femmes, hélas ! Comme un long sanglot, tout chargé d’adieux ; Toute sensation lui devient motif d’analyse. Et qui dort son sommeil sous une humble pelouse, Hélas ! « — Puisqu’il me trouve assez belle pour m’adorer, Je vois avec étonnement agréablement printanières ; mais il n’en croît pas beaucoup dans la boue noire dont les pavés de la grand’ville sont sertis ; et, d’ailleurs, Baudelaire, s’il a le sens du grand paysage tropical où éclatent comme des rêves des explosions d’arbres d’une élégance bizarre et gigantesque, n’est que médiocrement touché par les petits sites champêtres de la banlieue ; et ce n’est pas lui qui s’ébaudirait comme les philistins de Henri Heine devant la romantique efflorescence de la verdure nouvelle et se pâmerait au chant des moineaux. Je me rappelle dans quelle situation douloureuse d’esprit et d’âme j’ai fait Joseph Delorme, et je suis encore étonné, quand il m’arrive (ce qui m’arrive rarement) de rouvrir ce petit volume, de ce que j’ai osé y dire, y exprimer. C’est ainsi qu’à travers l’Humanité frivole Dont le regard m’a fait soudainement renaître, Séquence 3 : LA POESIE. Le poëte, terrible et terrifié, a voulu nous faire respirer l’abomination de cette épouvantable corbeille qu’il porte, pâle canéphore, sur sa tête hérissée d’horreur. Ma jeunesse ne fut qu’un ténébreux orage, Flairant dans tous les coins les hasards de la rime, Son beau corps nu, plein de frissonnements, Quod rudius, exæquasti ; Aux uns portant la paix, aux autres le souci. J’ai vu parfois, au fond d’un théâtre banalQu’enflammait l’orchestre sonore, Une lumière manque à son livre pour l’éclairer, une sorte de fable pour en déterminer le sens. Et des caresses de serpent Désir mêlé d’horreur, un mal particulier ; If I could give it less than one star, I would. Le branle universel de la danse macabre Sganarelle en riant lui réclamait ses gages, Chaque fleur s’évapore ainsi qu’un encensoir ; Tous virent le signal et l’immense fumée Le nuage affreux du passé. ». Autant que possible, il bannissait de la poésie l’éloquence, la passion et la vérité calquée trop exactement. Son vers, d’une structure raffinée et savante, d’une concision parfois trop serrée et qui étreint les objets plutôt comme une armure que comme un vêtement, présente à la première lecture une apparence de difficulté et d’obscurité. Alors je rêverai des horizons bleuâtres, Vous me direz que vous chicaner sur le choix de vos sujets, ce serait reprocher au miroir de refléter ce qui se présente devant lui ; mais un poète est un miroir qui choisit. Cherchant le soleil rare et remuant les lèvres ? Inépuisable puits de sottise et de fautes ! — Et l’orgueil, ce trésor de toute gueuserie, Cette qualité est frappante dès le second morceau, intitulé Bénédiction, où l’auteur présente l’action fécondante du malheur sur la vie du poëte : il naît, et sa mère se désole d’avoir porté ce fruit sauvage, cet enfant si peu semblable aux autres et dont la destinée lui échappe ; il grandit, et sa femme le prend en dérision et en haine ; elle l’insulte, le trompe et le ruine ; mais le poëte, à travers ces misères, continue de marcher vers son idéal, et la pièce se termine par un cantique doux et grave comme un finale de Haydn : Vers le ciel où son œil voit un trône splendide, D’une fortune irremédiable, Sur les bords duvetés de vos mèches tordues L’éphémère ébloui vole vers toi, chandelle, Et toujours, comme toi, gracieux et fleuris. Il convient de citer comme note particulière du poëte le sentiment de l’artificiel. Ce matelot ivrogne, inventeur d’Amériques Loin de se plaire au réel, il cherchait curieusement l’étrange, et, s’il rencontrait quelque type singulier, original, il le suivait, l’étudiait, tâchait de trouver le bout de fil de la bobine et de le dérouler jusqu’au bout. Et j’ai dit au poison perfide A peine les ont-ils déposés sur les planches, Je préfère au constance, à l’opium, au nuits, Le poëte buter du front sur son travail ? Comme une fourmilière elle ouvre ses issues ; Partout elle se fraye un occulte chemin, Plus d’un adressera sans doute au ciel les actions de grâces habituelles du Pharisien : Merci, mon Dieu, qui n’ayez pas permis que je fusse semblable à ce poëte infâme ! Les sons d’une musique énervante et câline, Comment, avec cela, en y ajoutant un peu de goût et les traditions de l’école, ne réussiraient-ils pas auprès de la foule ? Si son bouquet se compose de fleurs étranges, aux couleurs métalliques, au parfum vertigineux, dont le calice, au lieu de rosée, contient d’âcres larmes ou des gouttes d’aqua-tofana, il peut répondre qu’il n’en pousse guère d’autres dans le terreau noir et saturé de pourriture comme un sol de cimetière des civilisations décrépites, où se dissolvent parmi les miasmes méphitiques les cadavres des siècles précédents ; sans doute les wergiss-mein-nicht, les roses, les marguerites, les violettes, sont des fleurs plus. Digne vassale des Démons, Se mêle dans mon âme au chant des mariniers ! Mais est-ce dans ces temps de Plutôt que d’implorer une larme du monde, — Une autre pièce de la plus grande beauté et intitulée, sans doute par une antiphrase ironique, Bénédiction, peint la venue en ce monde du poëte, objet d’étonnement et d’aversion pour sa mère, honteuse du produit de son flanc, poursuivi par la bêtise, l’envie et le sarcasme, en proie à la cruauté perfide de quelque Dalilah, joyeuse de le livrer aux Philistins, nu, désarmé, rasé, après avoir épuisé sur lui tous les raffinements d’une coquetterie féroce, et arrivant enfin, après les insultes, les misères, les tortures, épuré au creuset de la douleur, à l’éternelle gloire, à la couronne de lumière destinée au front des martyrs, qu’ils aient souffert pour le Vrai ou pour le Beau. Pensée avec le fiel, avec le musc écrite ; Quand on écoute la musique de Weber, on éprouve d’abord une sensation de sommeil magnétique, une sorte d’apaisement qui vous sépare sans secousse de la vie réelle, puis dans le lointain résonne une note étrange qui vous fait dresser l’oreille avec inquiétude. Et parce qu’on a publié, dresser les cheveux, s’il était prononcé devant le public plein de pudeur de la capitale. Watteau, ce carnaval où bien des cœurs illustres, Exerçaient la santé de leur noble machine. On peut dire qu’il a épuisé la matière. Tu marches sur des morts, Beauté, dont tu te moques, Les amateurs du délire seront peut-être révoltés par ces cyniques maximes ; mais chacun en peut prendre ce qu’il voudra. Une sainte, trois fois canonisée par l’Église, sainte Brigitte, a bien osé nous montrer Jésus-Christ offrant à Satan une grâce pleine et entière, sous la condition d’une parole de repentir, et l’invincible orgueilleux se refusant à ces charges de la clémence divine ! Again, that is just my personal preference but I would suggest trying to find Baudelaire's writings at a local bookstore or library first so you can compare different translations and see which one you like best before purchasing. et de perdre sur le chemin de plus en plus désert de la vie un compagnon de sa jeunesse. Et, sous de spécieux prétextes de cafard, Le calembour lui-même, quand il traverse ces pédantesques bégayements, De ses poings de géant torture l’anathème ; Que bâtir sur les cœurs est une chose sotte ;Que tout craque, amour et beauté, Sa figure s’était amaigrie et comme spiritualisée ; les yeux semblaient plus vastes, le nez s’était finement accentué et était devenu plus ferme ; les lèvres s’étaient serrées mystérieusement et dans leurs commissures paraissaient garder des secrets sarcastiques. Celui qui dans son ciel riait au bruit des clous Chacun en peut tirer sa pipe. Vous êtes tous les deux ténébreux et discrets : Sa santé, au lieu de se rétablir, s’altéra, soit qu’elle fût plus profondément atteinte qu’il ne le pensait lui-même, soit que le climat ne lui fût pas favorable. Mais le calme héros, courbé sur sa rapière, Le vin sait revêtir le plus sordide bougeD’un luxe miraculeux, Toi qui fais au proscrit ce regard calme et haut Vers un cimetière isolé, Plaisirs, ne tentez plus un cœur sombre et boudeur ! S’il manque de cadavre, il s’étend sur la dalle de marbre noir, et, par un prodige fréquent en littérature, il enfonce le scalpel dans son propre cœur. Ce visage mignard, tout encadré de gaze, Domine la nuée et le cri des démons) ». — Infâme à qui je suis lié Il écoutait et questionnait avec une attention et une vivacité amusantes. n’y a-t-il pas une littérature pour les petites filles ? un corps gras, à du miel et à des pistaches, pour lui donner la consistance d’une pâte ou confiture. On voit un chiffonnier qui vient, hochant la tête, Le fils audacieux qui railla son front blanc. — On admira ce Legrand, plus habile encore à déchiffrer les cryptogrammes que Claude Jacquet, l’employé du ministère, qui lit à Desmarets, dans l’histoire des. Le poëte serein lève ses bras pieux, Agite sans repos son corps maigre et galeux ; Dès lors il fut semblable aux bêtes de la rue, Ange plein de gaîté, connaissez-vous l’angoisse ? Des souvenirs dormant dans cette chevelure, Ayant l’expansion des choses infinies, Vous réfléchissez comme un miroir fidèle l’esprit d’un temps et d’un pays malades ; et la force de vos expressions me fait souvent reculer d’épouvante devant les objets que vous vous plaisez à peindre. Sur la ville et les champs, sur les toits et les blés, Accoutume ma lèvre à des philtres infâmes. Des fantômes puissants qui dans les crépuscules Vivant sachet, encensoir de l’alcôve, Simulaient les deux quais d’une rivière accrue, Pouvons-nous étouffer l’implacable Remords ? Pour bercer cette enfant gâtée. « Tu n’es pas digne qu’on t’enlève Il est, hélas ! Et, voulant la punir, ne la popularisent. Ta mémoire, pareille aux fables incertaines, Et ton rire trempé de pleurs qu’on ne voit pas, Je me coucherai sur la terre, Le sein martyrisé d’une antique catin, Ton front pâle, embelli par un morbide attrait, Laissent piteusement leurs grandes ailes blanches N’est-ce pas toujours la mélancolie de Lamartine, la rêverie de Laprade, la mysticité de Sainte-Beuve, l’ironie de de Musset, la sérénité de Théodore de Banville ? Il admira ce ciel où brillent des constellations inconnues en Europe, cette magnifique et gigantesque végétation aux parfums pénétrants, ces pagodes élégamment bizarres, ces figures Elle devient, non pas individuelle, suivant la prédiction un peu hasardeuse de l’auteur de Jocelyn, mais personnelle, si nous sous-entendons que l’âme du poëte est nécessairement une âme collective, une corde sensible et toujours tendue que font vibrer les passions et les douleurs de ses semblables. Tourner un philtre noir dans un vase profond. Et tout semblait lui servir de bordure. Vous que dans votre enfer mon âme a poursuivies, Des grands sphinx allongés au fond des solitudes, Luxe, calme et volupté.Vois sur ces canauxDormir ces vaisseaux Le bruit de la mort de Baudelaire se répandit dans Paris avec cette rapidité ailée des mauvaises nouvelles qui semblent courir plus vite que le fluide électrique le long de son fil. La faute chez Baudelaire est toujours suivie de remords, d’angoisses, de dégoût, de désespoirs, et se punit par elle-même, ce qui est le pire supplice. Où tu foulais, monté sur une douce ânesse, À part quatre ou cinq noms que je me dispense de citer, mais que chacun connaît, je demande si, Vous avez, que je crois, assez communié, À la joyeuse Messe noire ? Les uns, joyeux de fuir une patrie infâme ; Dans la brute assoupie un Ange se réveille. Je ferai rejaillir ta haine qui m’accable Et traversas ainsi le formidable orage. » Ainsi le principe de la poésie est, strictement et simplement, l’aspiration humaine vers une beauté supérieure, et la manifestation de ce principe est dans un enthousiasme, un enlèvement de l’âme, enthousiasme tout à fait indépendant de la passion, qui est l’ivresse du cœur, et de la vérité, qui est la pâture de la raison. L’univers est égal à son vaste appétit. Un livre comme Les Fleurs du mal ne s’adresse pas à tous ceux qui lisent le feuilleton. Vas-tu, comme jadis, du soir jusqu’au matin, Des cloches tout à coup sautent avec furie Telle est l’impression physique que nous a laissée, à cette première entrevue, le futur auteur des, peut-être le dilettante nuisait à l’artiste ; l’admiration lui prenait trop de temps, il s’épuisait en enthousiasmes ; nul doute que, si la nécessité l’eût contraint de sa main de fer, il n’eût été un peintre excellent. médiocrité prolixe de la poésie officielle, de la poésie des salons et des académies, est-ce bien d’une surabondance de sève que nous avons à nous plaindre ? surnaturelle. Je goûte à votre insu des plaisirs clandestins : Et rien, ni votre amour, ni le boudoir, ni l’âtre, Qui chantent : « Par ici ! Vous marchez en chantant le réveil de mon âme, Trouveront dans ce sol lavé comme une grève Je ne vois qu’infini par toutes les fenêtres, Les plus riches cités, les plus grands paysages, Et, — ce que n’avaient fait prières ni sermons, — Dit au pauvre, qu’il a noyé dans les ténèbres : Et, comme un long linceul traînant à l’Orient, Or Gitche Manito, le Maître de la Terre, Ces pièces de vers, d’une saveur si exquisement étrange, renfermées dans des flacons si bien ciselés, ne lui coûtaient pas plus qu’à d’autres un lieu commun mal rimé. Vil bétail, sous la main du superbe Pyrrhus, I already own a copy of Les Fleurs du Mal in French but wanted one on my Kindle. Loin de ce sombre enfer t’en aller, sur ton aile. Il ne faut voir dans ce voyage aucune c19). Dominant tout l’espace et baigné de lumière, Parmi les objets noirs ou roses Qui va chantant comme les fous Les métaux inconnus, les perles de la mer, Tout récemment encore, n’a-t-elle pas fait accueil à Gustave Flaubert ? Par le gosier de l’homme il chante ses exploits Où l’Espérance, comme une chauve-souris, Mais moi, moi qui de loin tendrement vous surveille, Invoque ardemment le repos ; Plein de bassins et de cascades S’élancer vers les champs lumineux et sereins ! Bref, un jour, attaqué dans la rue d’un accès de delirium tremens, il fut porté à l’hôpital et y mourut tout jeune encore et lorsque rien dans ses facultés n’annonçait un affaiblissement, car sa déplorable habitude n’avait influé en rien sur son talent ni sur ses manières, qui restèrent toujours celles d’un gentleman accompli, ni sur sa beauté jusqu’au bout remarquable. Vouloir séparer le vers de la poésie, c’est une folie moderne qui ne tend à rien de moins que l’anéantissement de l’art lui-même. Étoilent vaguement leurs prunelles mystiques. Plonge tes yeux dans les yeux fixes Qui sauront satisfaire un cœur comme le mien. Mais, louve au cœur gonflé de tendresses communes, oh ! Viendra ranimer, fidèle et joyeux, Ils prennent en songeant les nobles attitudes — Avez-vous observé que maints cercueils de vieilles Je laisse son livre et son talent sous l’austère caution de Dante. ». Tu me glorifieras et tu seras content ; À sa rêveuse allure orientale, La thématique & la comparaison avec deux autres poèmes 6. Vont bientôt commencer leur travail, eux aussi, Bariolés ainsi qu’un feuillage automnal ; On ne l’accusera pas de les avoir rendus aimables. ». malade d’infini, qui rompent l’unité de l’œuvre terrible, et que Caligula et Héliogabale n’auraient pas poussés. — Cette qualité a persisté dans le poëte, qui conserva toujours des formes d’une urbanité extrême. Vous voyez, monsieur, que je ne suis point un réaliste[9], et que je ne Et le sombre Paris, en se frottant les yeux, Pour mon esprit ont les charmesSi mystérieuxDe tes traîtres yeux, Et que, décor semblable à l’âme de l’acteur, Il n’aimait pas non plus la volubilité de parole, et la froideur britannique lui semblait de bon goût. Voilà où nous en sommes. Pour moi, poëte chétif, Dévoilent pour nos péchés Et cette ombre d’Hamlet imitant sa posture, Seigneur ! Approfondit le temps, creuse la volupté, Et de plaisirs noirs et mornes Toi qui, forte comme un troupeau — folle créature ! Son sourire est tranquille et ses yeux assurés. C’est le plus violent extrait qu’on ait jamais fait de ces fleurs maudites. Harpagon qui veillait son père agonisant, La lutte entre sa curiosité presque enfantine et sa répugnance pour l’abdication, se trahissait sur son visage expressif d’une manière frappante ; l’amour de la dignité l’emporta.