L'architecture - Est-il juste d'affirmer que les temples élevés en l'honneur de la religion sont élevés, en réalité, en l'honneur de l'architecture ? Sâil est vrai, en effet, que le plaisir nous englobe, nous englobent tout autant le malaise et lâangoisse. Il nâest pas vrai que nous puissions baigner dans le pur plaisir. Les œuvres d’art nous permettent de mieux saisir ce que nous ressentons confusément et c’est pour cela qu’elles nous touchent. L’art n’a-t-il pour but que le plaisir ? Avec lâappareil photographique, lâordinateur muni dâun logiciel de traitement de lâimage, le scanner, Nicolas Baier opère la jonction entre ce quâil y a dâobscur en lui et ce ce quâil y a dâobscur dans la matière afin quâen ressorte une certaine lumière, qui demeure fidèle cependant à lâobscurité originelle. Pourtant, le négatif, sous la forme des diverses frustrations, douleurs et souffrances, demeure irréductible. Pour formuler un jugement de goût, il faut être indifférent à l’existence de l’objet. parcours de révisions. Lâabus du plaisir donne même des goûts suicidaires, comme cela est si évident chez les toxicomanes. Nous insistons ici sur la matière, car les arts plastiques glorifient le corps et les cinq sens, contrairement à certaines tendances religieuses et philosophiques qui divisent lâhomme au profit de son âme ou de son esprit. Celui-ci n’est-il pas l’expression des valeurs les plus hautes d’une civilisation ? Or, cette affection doit être analysée. Pourquoi la nature existe? Matisse a déclaré que ses tableaux devaient délasser l’esprit surmené de l’homme moderne. plaisir esthétique est constitué par le « libre jeu des facultés » (l’imagination comme faculté de saisie du sensible et l’entendement comme faculté de penser le réel en l’unifiant par L’art est bien divertissement au sens le plus éminent : il donne l’occasion de jouir de soi-même comme d’une réalité complète. La réalité est-elle ce qui occupe les devants de la scène, ce à quoi nous accordons tellement dâimportance, ce qui semble aller de soi, ou nâest-elle pas tout autre? argument philosophique : l’art fait accéder à une autre réalité voir le sujet déjà cité. Nous-mêmes, encore aujourdâhui, approchons lâimage de lâart avec un certain respect, voire une certaine terreur. Ce qui guette les nouveaux plaisirs suscités, pas seulement ceux offerts par la pornographie mais par lâensemble des industries, câest lâennui. Elle nâimite pas un modèle, ne vise pas un but, mais déploie sa puissance. La réalité est dâabord incompréhensible. Le problème est dû à une mise en cause de la valeur de l’art. La science historienne se charge d’ordonner ces témoignages selon la chronologie. Il semble même que des génies rencontrent sur ce point le jugement du grand nombre. Ce phénomène nâest pas nouveau puisquâil apparaît avec la pensée. « Le plaisir à vélo, c’est le bon vélo, au bon moment. Nous ne savons quâen penser. Les réalités – et les affects en font partie – sont toutes interreliées. Je recommande pour vos anniversaires, événements ou juste pour une petite gourmandise ! Quitte à prendre des risques pour sa sécurité et son confort. Nous aussi, en tant quâobservateurs, sommes forcés de nous dépasser, participant ainsi au mouvement de création incarné par lâoeuvre dâart. Ce mouvement est explicite dans lâart, mais il se retrouve aussi en littérature, en philosophie, en science et en technologie. Parfois l’art nous bouleverse, nous bouscule dans nos habitudes. Il ne faut pas réduire le sujet à une défense de l’art qui négligerait les ressources du verbe divertir. Se divertir serait une fuite motivée par la misère de notre situation. Les œuvres d’art sont des réalités particulières au sens où elles possèdent une double nature. VII. Le bonheur n’est-il qu’une question de chance ? On consomme du sexe sans jouir. Lâart nous touche directement, par-delà toute représentation, nous révélant silencieusement le caractère fondamentalement créateur de la vie ou de la nature. - L'art peut-il changer la société ? Le processus de création est sans commencement ni fin. Le corps est envahi de sensations agréables. Selon Boileau, seul le vrai est beau. Voir la réalité telle quâelle est ou telle quâelle devient nâest pas une mince affaire. L’art nous divertit au sens où il nous détourne de nos habitudes perceptives pour nous rendre plus sensible. Il est difficile dâen décider, tellement lâimage, notamment numérique, est devenue sophistiquée, sâentremêlant à la réalité au point de rendre indécidable la frontière entre les deux. Grâce à la science et à la technologie, cette structure sâest étendue, modelant pour ainsi dire la réalité à son image. Nicolas Baier a raison de sentir que son oeuvre sâinscrit dans la grande tradition de lâart. Le plaisir en art est désintéressé, car il n’a pas le profit pour mobile. Dieu lui-même ne peut être que bon, à savoir divertissant, et ne peut que donner le paradis à tous ses enfants. Nous ne sommes pas loin de lâidéalisme de Berkeley, affirmant : «être, câest être perçu». «L’art peut-il sauver le monde ?» J’étais nonchalamment allongée sur deux chaises au jardin du Luxembourg, dans la perspective d’une langoureuse sieste matinale sous le soleil printanier, lorsque deux étudiants en théâtre me posèrent cette question pour un micro-trottoir. Ces images s’offrent à une pure contemplation, comme le fait la nature, comme le fait la vie. Que faire face au chaos? Bergson affirme ainsi que l’artiste est un « révélateur » qui fixe sur sa toile ou dans des mots des visions fugitives, des nuances de sentiments qui traversent notre esprit mais rapidement recouvertes par les exigences de la vie quotidienne. On ne sais jamais au juste quoi en penser. 1 Non seulement les différents jeux, mais la politique, et toutes les charges qui nous donnent un statut social. Ainsi procède la nature. Montesquieu note ainsi qu’une jeune personne qui se rend au théâtre manquera d’abord de goût car elle n’aura pas une perception suffisante de ce qu’elle voit. C’est en vain que nous nous divertissons aux spectacles de l’art. Certes tentons-nous de les mettre à leur place, de leur conférer une fonction économique sur le marché de lâart ou une fonction décorative, les insérant de la sorte dans la société de consommation, du divertissement et du spectacle. Il suffit dâun clic et lâimage sâoffre à nous. à trop consommer, on en éprouve des hauts-le-coeur. Cette industrie exploite le sexe en offrant sur le marché de nouveaux plaisirs. Cette image, puisquâelle sert à révéler lâinconnu, a une dimension sacrée. Le challenge MTT a commencé à 50 euros pour arriver un jour peut-être à 10 000 euros. Cela ne dévalorise en rien celui-ci, puisque lâart ne fait que montrer le caractère profondément créateur de ce qui est. Qui plus est, peut-être augmente-t-il secrètement sous la pression du plaisir tous azimuts. Dès lors, tout devient désirable pourvu que l’excitation d’une activité lui fasse oublier sa finitude. » Il naît « détaché », c’est-à-dire plus enclin à contempler qu’à utiliser. 3-Artaud, Van Gogh le suicidé de la société, dans Oeuvres complètes, XIII, Paris, Gallimard, 1974, p. 38. Ainsi, c’est l’ensemble des activités humaines qui devient un divertissement. Une grande œuvre nous livre la vérité d’un monde, elle dévoile son essence et n’a donc rien d’une activité futile ou secondaire. La nature ne répond pas à ces questions quâelle-même engendre. Nous cherchons plutôt à entrer en contact avec la réalité telle quâelle est. Lâexpansion de lâéconomie capitaliste implique la création continuelle du manque et de la satisfaction. Les images qui en résultent – pour en revenir à lâoeuvre de Nicolas Baier – ne sont pas des images faciles. Lâart réside dans le mouvement de création bien plus que dans les oeuvres. Nous voulons nous aussi aller au bout de nos capacités, et celles-ci sont définies en grande partie par lâépoque à laquelle nous appartenons, quel que soit le plan – philosophique, littéraire, artistique, scientifique, technologique, économique – sur lequel on la considère. Ce plaisir passager nous contraint à le répéter sans jamais nous délivrer de notre angoisse. Là aussi, Nicolas Baier est très clair, démystifiant une certaine idée de lâart qui en fait un domaine réservé à des spécialistes : les artistes. Lâindustrie du sexe prend les êtres humains au piège comme les autres industries. Seulement ainsi pouvons-nous les imiter. » La République, IX, 584 a. L'art selon Hegel serait une étape dans la … Elles ne sont pas dâemblée consommables. En nous révélant la matière du monde dans sa factualité presque brute, à lâaide notamment de machines offertes par la technologie moderne, lâoeuvre de Nicolas Baier nous remet en contact avec ce qui est à la fois le plus simple et le plus énigmatique : cela même que nous avons sous les yeux et que nous ne voyons pas. La publicité qui sâinsinue partout est lâindice éloquent de cette déliquescence propre à la consommation. Lâalternative est brutale : ou bien être détruit par lui, ou bien créer à partir de lui. L’enchantement reste un critère encore formel. Dans l’imaginaire collectif l’art reste attaché à la figure du génie, de l’inventeur solitaire qui réalise des découvertes essentielles. Elle doit se consommer elle-même, comme le toxicomane doit consommer sa drogue. Celle de Platon.« Le plaisir et la douleur, quand ils se produisent dans l’âme, sont une espèce de mouvement, n’est-ce pas ? Son pouvoir est fragile mais invincible. Platon dans Le Philèbe, tente de comprendre la nature du plaisir par la dialectique, il part du fait qu'il existe une multitude de plaisirs différents et parvient à les unifier sous un seul et même concept. Picasso dit en ce sens « qu’imiter les autres est nécessaire mais que s’imiter soi-même est mesquin. Le bonheur n’est-il qu’une question de chance ? Le bonheur n’est-il pour l’homme qu’un idéal ? Celle-ci est dévoilée dans ses dimensions «invisibles à lâoeil nu», pour reprendre lâexpression de lâartiste. Il cultive simultanément notre sensibilité et notre jugement. Le plaisir est donc intrinsèquement lié à l’art et on comprend qu’il soit recherché par un public fatigué par les contraintes du travail et la routine journalière. Le spectateur sait fort bien qu’il n’assiste pas à un chef-d’œuvre mais réclame un droit à se faire plaisir et apprécie les chanteurs ou les cinéastes qui lui procurent cette satisfaction. Pensons encore à la pornographie. Comment ce lien ancien peut-il encore être moderne? à force dâexploiter un filon, on le tarit. Il est vrai que la pensée a besoin de points fixes, de balises pour sây retrouver. L’art doit-il être obligatoirement engagé ? Elles nous provoquent, nous questionnent, insistent. VII. Il s’étonne de la résistance que certaines réalisations opposent au passage du temps. Comment le plaisir peut-il de la sorte se transmuer en déplaisir? Cela est vrai non seulement du domaine marchand, mais du domaine politique, interindividuel et sexuel. Si, par son origine grecque, le mot esthétique renvoie à l’idée de sensation, l’œuvre n’est pas consommable comme un produit nécessaire à nos besoins physiques, elle révèle l’essence d’un sentiment ou d’une valeur. Nous sommes devenus des consommateurs dâimages, et câest dans cette consommation que nous trouvons la plupart de nos sensations et de nos émotions. --1.1) L'art cultive le goût et embellit le monde. Lâhomme ne sâefface pas devant la machine, mais plutôt la machine sâefface devant ce qui est. La signification fait corps avec sa manifestation sensible. Mais qu’en est-il de l’artiste lui-même ? Les images de Nicolas Baier nous révèlent la matière du monde. L'art est-il dangereux ? Nous-mêmes y participons sans le voir ; par exemple, nous ne nous voyons pas vieillir. C’est ce qui permet de créer de l’humour ou d’insulter violemment tout en restant poli. Il ne fait quâun avec lui. L’étymologie nous apprend qu’il s’agit aussi de se détourner des sujets sérieux qui nous préoccupent. Dâécrans avec la réalité quâelles sont souvent, il tente dâen faire de nouvelles médiatrices nous permettant un contact immédiat et intense avec une réalité demeurée inconnue en dépit de la prolifération des images prétendant la représenter ou en tenir lieu. Ne sâagit-il pas dans lâart de partir de lâimage aliénante pour la rendre subtilement libératrice? [Transition] L’idée de divertissement possède un sens qui nous amène à approfondir notre réflexion. Seul lâart nous fait remarquer lâacte ou le processus de création, mais celui-ci doit nécessairement avoir lieu, puisque la réalité dont nous faisons partie est création. Son inutilité ou son absence de signification claire ne remet-elle pas en question la logique de nos organisations sociales? Puis nous approfondirons l’analyse de la notion de divertissement et nous nous demanderons si elle convient vraiment à la notion d’œuvre d’art ? Se masturber : c’est bon pour la santé. L’art appartient-il à cette catégorie ? à quoi sert-elle? Le goût d’apprendre fait bien partie intégrante des bonheurs de la vie. Les objets offerts, que ce soit tel type de nourriture, la télévision, le sexe, pour nous en tenir à ces trois objets, aussi disparates soient-ils, nâagissent-ils pas souvent comme des drogues? Lâart montre précisément la création à lâoeuvre. On ne s’étonnera pas qu’il soit employé pour qualifier des activités ludiques ou sans prétention mais comment peut-on l’appliquer à l’art ? Le syndrome auquel il a donné son nom montre à quelles extrémités cette vivacité peut conduire. Quelque chose dâelle demeure cependant imprévisible. Néanmoins, les images du grand art résistent. Lâart est le contraire dâune spécialité puisquâil ouvre chacun à la création en cours. De son côté, Élizabeth, 64 ans, s’est inscrite à un atelier d’écriture “juste pour le plaisir”, tandis qu’Évelyne, 59 ans, trouve enfin le temps de faire des abécédaires au point de croix! Lâart nous met en contact avec le mystère même de cette matière. De son côté, Élizabeth, 64 ans, s’est inscrite à un atelier d’écriture “juste pour le plaisir”, tandis qu’Évelyne, 59 ans, trouve enfin le temps de faire des abécédaires au point de croix! La question est souvent posée : «Est-ce de lâart?» Lâart semble en effet envahir des domaines qui nâont traditionnellement rien à voir avec lui. L'Art pour tous (Paris. – en quel sens néanmoins la beauté n’est pas une propriété essentielle de l’oeuvre d’art : Satisfaction et manque, comme dans la prise de drogue, ne sâopposent pas, mais se provoquent mutuellement, la satisfaction même créant le manque en appelant à une nouvelle satisfaction. L’homme aurait donc besoin de l’art car il lui permet de se divertir, de croire en certains bonheurs, de goûter à des plaisirs qui le détournent de la réalité quotidienne. Nous parlons couramment d’artistes de variétés dont le métier est de distraire un public souvent contrarié par les difficultés du quotidien. - L'art est-il révolutionnaire ? Or, lorsque nous contemplons un spectacle ou écoutons une musique, nous voyons apparaître des significations comme la joie, la colère, la fierté, etc. « l'important, c'est le style, car c'est du style d'un poème que dépend le plaisir de son lecteur ». Michel Onfray, né le 1er janvier 1959 à Argentan (Orne), est un philosophe et essayiste français défendant une vision du monde hédoniste, épicurienne et athée. Inscrivez-vous gratuitement pour accéder aux contenus et Ces images ont tout envahi, laissant peu dâespace libre à notre cerveau. Ces images sâoffrent à une pure contemplation, comme le fait la nature, comme le fait la vie. Câest en créant que lâhomme et la femme vont au bout de leurs capacités. La conscience de soi peut-elle rendre l’homme malheureux ? En même temps, nous sommes les fils et les filles de notre époque, et nous ne pouvons faire autrement que de profiter de tout ce quâelle nous offre. C’est pourquoi, Malraux estime qu’une œuvre d’art est ce qui conserve une présence par-delà le passage des siècles. L’Etat. Le fait de ne pas connaître l’avenir est-il une entrave à notre liberté ? Pourquoi ceci apparaît-il plutôt que cela? Ceci ne signifie pas que le passé n’a plus de sens pour nous. Ce dernier se manifeste notamment la nuit quand nous souffrons dâinsomnie. Il en est de même du spectateur ou du regardeur. Dans l’imaginaire collectif l’art reste attaché à la figure du génie, de l’inventeur solitaire qui réalise des découvertes essentielles.Il est donc étonnant d’envisager que l’art ne puisse être qu’un divertissement.